Excursion drômoise 27 - Mont Ventoux

Publié le 26 Juillet 2011

(c) sport-photo.fr - Courants d'air(e)s au Ventoux - Réalisé sans trucage !

(c) sport-photo.fr - Courants d'air(e)s au Ventoux - Réalisé sans trucage !

C'est le grand jour. Ce mardi 5 juillet 2011, j'ai décidé de m'attaquer au Mont Ventoux. Quel côté choisir ? Je ne suis pas assez en forme pour m'attaquer à Bédoin. Il faut être réaliste car il faut être capable d'enchaîner deux ascensions du Col de Pennes. Avec sa difficulté intermédiaire, Malaucène est certainement le versant qui me conviendrait le mieux. Mais j'ai envie de voir le Chalet Reynard. Donc, je me rabats sur Sault qui est la montée la plus facile et aussi la plus longue. A 7H15, je mets les voiles direction le Vaucluse. Je passe par le Col de Soubeyrand et la Vallée du Toulourenc. Je m'étais promis de faire un circuit autour de cette vallée. Je reviendrai, je reviendrai...

Excursion drômoise 27 - Mont Ventoux
(c) V. Pennel - De part et d'autre du Chalet Reynard.

(c) V. Pennel - De part et d'autre du Chalet Reynard.

Il me faut 2 heures pour arriver à Sault. J'ai du mal à trouver une place. Avec ses barrières de stationnement interdit, le grand parking ne m'inspire pas. Je repars sur Aurel et trouve une petite aire. Bizarrement, je suis tendu. Il n'est pas loin de 10 heures quand je m'élance enfin. Je rejoins Sault et tourne immédiatement sur la droite. Ces 26 kilomètres débutent par une descente d'environ un kilomètre. Ensuite, les choses sérieuses commencent avec une pente relativement moyenne. Le Mont Ventoux est encore bien loin et c'est un décor provençal qui sert de cadre à ce début d'ascension. Il commence à faire chaud et l'horaire matinal est une sage décision. C'est aussi un endroit exposé au vent. J'avais consulté la météo. Il vient du nord. Il n'est pas très fort mais sera donc défavorable. Ici, on l'appelle le mistral blanc.

Excursion drômoise 27 - Mont Ventoux
(c) V. Pennel - L'ambiance surréaliste du Mont Ventoux. L'homme a aussi grimpé sur la Lune.

(c) V. Pennel - L'ambiance surréaliste du Mont Ventoux. L'homme a aussi grimpé sur la Lune.

Je passe le panneau officiel du col "ouvert". L'horizon se resserre et les arbres font leur apparition. J'ai un peu de mal à trouver mon rythme. Je commence à avoir mal au dos. J'ai mis trop de choses dans le sac : caméra, appareil-photos, k-way, ravitaillement. Au bout d'un moment, cela s'empire et je suis obligé de m'arrêter pour bien remettre tout en place. Et si je rebroussais chemin ? Cet arrêt mécanique est heureusement salvateur et je reprends ma progression. Depuis Sault, cette montée est découpée en 3 parties : une première partie à pente moyenne, une deuxième partie facile à pente douce et la troisième partie plus difficile après le Chalet Reynard.

Excursion drômoise 27 - Mont Ventoux
(c) V. Pennel - Les deux stèles sont très proches l'une de l'autre.

(c) V. Pennel - Les deux stèles sont très proches l'une de l'autre.

J'arrive au bout de la première partie et enchaîne avec la deuxième. Je monte depuis une heure et il faut penser à se ravitailler. Une barre d'amandes fera l'affaire. Longue de 7 kilomètres, cette partie fort roulante permet de récupérer. Le compteur affiche pratiquement 20 kilomètres d'ascension quand surgit le Chalet Reynard. Et là, me voici dans un autre monde.

(c) V. Pennel - L'ascension vue du sommet - C'est aussi la calotte somnitale du Ventoux.

(c) V. Pennel - L'ascension vue du sommet - C'est aussi la calotte somnitale du Ventoux.

Derrière le Chalet, la végétation diminue de moitié. Quelqu'un a mis trop de désherbant ? Tiens, un téléski ! Devant, les routes de Bédoin et de Sault se rejoignent. C'est un carrefour gigantesque au milieu de nulle part avec un parking en plein milieu. Et le monde qui s'y agglutine est affolant. Avec ce ciel bleu azur, on se croirait à la mer ! Mon regard file à gauche et cherche le Mont Chauve. Il est là, je le sais !

1910 ou 1912 mètres ? Bah le panneau fait 2 mètres !

1910 ou 1912 mètres ? Bah le panneau fait 2 mètres !

Une piste cyclable est dessinée sur la droite de la route. Vais-je devoir prendre un ticket ? Un panneau annonce le Ventoux à 6 kilomètres. C'est parti pour le feu d'artifice final. Il faut à nouveau trouver son rythme. C'est sans doute le plus dur. Il y a davantage de cyclistes et chacun monte comme il peut. Il n'y a plus de repères. C'est une lente procession. On pédale un peu dans le vide.

Excursion drômoise 27 - Mont Ventoux
(c) V. Pennel - Au sommet du Ventoux.

(c) V. Pennel - Au sommet du Ventoux.

Au premier virage, le vent est bel et bien là au rendez-vous. Un coureur longiligne me double. Il ressemble à Van Summeren. Je profite de son abri deux ou trois cent mètres. Soudain, la tour rouge et blanche du sommet se dévoile. C'est la quatrième dimension. C'est une sensation incroyable. Ce paysage lunaire est si pur et le contraste avec le ciel bleu azur est si fort que je crois rêver. Cette tour ressemble à la fusée de Tintin. Sauf qu' il y a bien longtemps que mes pieds ne touchent plus terre.

(c) V. Pennel - Le dessin si particulier de la route côté Malaucène .

(c) V. Pennel - Le dessin si particulier de la route côté Malaucène .

J'essaie d'évaluer la distance qu'il me reste à parcourir. Mais c'est peine perdue. Je sais seulement que je vais encore en ch... Les virages se ressemblent tous. Une fois au nord, une fois à l'ouest. Et le vent souffle de plus en plus fort. Un rapide coup d’œil à l'arrière me fait sourire car tout le monde est dans la même galère. Le ralenti au grand naturel. Qui a trouvé ce raccourci pour aller la plage ? Ce mont n'est-il pas en fait qu'une immense dune ? Et cette tour ne ressemble-t-elle pas à un phare ?

(c) V. Pennel - Le fameux dernier virage tant attendu.

(c) V. Pennel - Le fameux dernier virage tant attendu.

Le ballet incessant des voitures et des cyclistes qui redescendent me déstabilise un peu tout comme le premier photographe professionnel. Il tire lâchement mon portrait sous toutes les coutures et court comme un malade pour me donner sa carte. Nul doute, c'est un reportage sportif... Il y en aura deux autres. C'est comme tout. On s'habitue très vite.

Le pourcentage s'accroît et l'oxygène se raréfie inexorablement. Il ne reste que des cailloux. La végétation a disparu et ses senteurs aussi. Ne subsistent que les odeurs de déodorants et des gaz d'échappement.

(c) V. Pennel - Le panorama au sommet. La vallée du Toulourenc ?

(c) V. Pennel - Le panorama au sommet. La vallée du Toulourenc ?

A la stèle de Tom Simpson, cela devient encore plus difficile. Le vent a doublé. A une centaine de mètres, se dresse une autre stèle, celle d'un cyclotouriste belge décédé en 1983. Au bout d'une ligne droite interminable, nous attend le col des Tempêtes. Pour survivre, je me cale dans quelques roues et me mets en danseuse. C'est ainsi que je vais arriver au fameux dernier virage avec une route qui n'en finit pas de se lever. Bien sûr, ce n'est pas le moment de lâcher. Ce n'est pas non plus le moment de se tromper de route. Un échappatoire part en effet sur la droite. Dans une relative indifférence, j'atteins la fameuse ligne après 2 heures et 9 minutes d'intense effort.

(c) V. Pennel - La tour de l'observatoire.

(c) V. Pennel - La tour de l'observatoire.

Je suis fatigué, mais pas cramé. Je suis surtout satisfait et rassuré. Au sommet du Mont-Ventoux, l'agitation est forte. Cela ressemble à un petit marché avec quelques vendeurs et l'inévitable boutique Souvenirs. De nombreux touristes belges et hollandais sont présents. Le moment est venu d'immortailser cet instant avec l'appareil-photos et la caméra.

Excursion drômoise 27 - Mont Ventoux
(c) V. Pennel - L'exercice périlleux de la descente.

(c) V. Pennel - L'exercice périlleux de la descente.

Je revêts mon imperméable et profite tranquillement de la descente. Je m'arrête à la stèle de Tom Simpson mais un car de touristes néerlandais a la même idée au même moment. Je fais aussi quelques photos au Chalet Reynard avant de redescendre sur Sault. De très mauvaise qualité, la chaussée est déformée par endroit. C'est vraiment cassant et dangereux. Dans ma tête, j'ai déjà envie de revenir. Pourquoi pas demain ? A n'en pas douter, l'ivresse du sommet me manque déjà. Au moins, cela me donnera l'occasion de revenir. Je croise pas mal de cyclistes qui ont choisi le début de l'après-midi pour escalader le Géant de Provence. Il fait sacrément chaud maintenant. Le Kway devient insupportable. Avant de rejoindre la voiture, j'ai toutes les peines du monde à escalader la côte qui me ramène à Sault. Total de 54 kilomètres.

Excursion drômoise 27 - Mont Ventoux
Le meilleur pour la fin. Et si c'était un rêve ?

Le meilleur pour la fin. Et si c'était un rêve ?

Rédigé par Vincent Pennel

Publié dans #Drôme, #Drôme Provençale

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